Le livre : Les maîtres du roman policier de Robert Deleuse. Paru en 1991 chez Bordas dans la collection Les Compacts. (254 p.) ; 20 x 13 cm
Disponible en numérique depuis le 11 septembre 2015, 6€99.
4e de couv :
Les grands noms du polar mondial : de Poe à Daeninckx, de Conan Doyle à Manchette, de Christie à Rendell, de Simenon à Charyn, de Hammett à Scerbanenco, de Chase à Dard, de Chandler à Wambaugh, de Amila à Japrisot, de Highsmith à Ryck, de McCoy à Matsumoto… Mais aussi des noms moins familiers : Barbara, Glaüser, Natsuki, Peters, Willeford, Bosetzky, Douglas, Halter… Et quelques surprises : Hugo, Dostoïevsky, Stevenson, Greene, Dürrenmatt, Sciascia… Depuis Edgar Poe : cent cinquante ans de romans policiers à travers 285 auteurs. Cet ouvrage fait le point et prend parti.
L’auteur : Robert DELEUSE naît au Cannet (Alpes Maritimes) le lundi 17 juillet 1950. Nouvelliste, romancier, essayiste, Robert Deleuse a écrit une quinzaine d’ouvrages parmi lesquels une tétralogie noire (Chroniques d’une ville exemplaire), des romans indépendants (Monsieur Personne, Un petit regain d’enfer…), un essai sur James Hadley Chase et une biographie du bandit Cartouche, tous salués par la critique. Il a également coadapté une pièce de Pirandello pour la tragédienne Maria Casarès. Dans les année 80 et 90, il a beaucoup écrit sur le polar et les littératures policières, il a aussi beaucoup œuvré pour celles-ci notamment en organisons et participant à différents événement tels que le Trans Polar Express, une semaine d’événements multimédias disséminés dans la capitale, autour du roman policier hexagonal en 1987. En 1990, dans le cadre de La Fureur de lire, il conçoit et anime la première table ronde publique du Ministère de l’Intérieur, autour du thème : « La police, source d’inspiration littéraire ? ».
Extrait :
Ouverture
Genre littéraire prisé ou méprisé par excellence, le roman policier n’a pas à rougir ni à s’enorgueillir de la situation qui lui est faite, laquelle diffère fort peu, par ailleurs, de celle qu’a connue le roman généraliste lui-même et qui ne l’a jamais privé de connaître l’expansion sauvage que l’on sait, en un peu plus de trois siècles, rasant tout ou presque sur son passage, au point de faire tomber dans les oubliettes de l’Histoire des pans entiers d’expressions littéraires pourtant fort en veine à l’époque même où il se battait, seul contre tous, pour une reconnaissance officielle. Il faut bien dire que sans les multiples angles de tir qu’il s’est offerts pour assurer une puissance de feu continue et polyvalente, le roman généraliste aurait sans doute disparu de la surface des lettres tant les attaques à son encontre furent portées sans ménagement aucun. Mais, d’intrigues épistolaires en stratagèmes picaresques, d’expédients sentimentaux en imbroglios fantastiques, de machinations policières en fabulations gothiques, de trames « sciences-fictives » en noirs desseins, il a su multiplier les percées pour se dégager de la poche restante où on aurait aimé le voir se maintenir et faire céder un à un barrages et entraves pour venir asseoir son autorité et l’y inscrire, jusqu’à ces dernières décennies, sans trop de problèmes.
Le roman policier (de type énigmatique, dit déductif, et de type social, dit noir) constitue une de ces armées qui contribuèrent, au cours du temps, à imposer le roman comme contrée dominante sur la carte littéraire. Voici pourquoi, ce type romanesque spécifique n’a pas à rougir ni à s’enorgueillir de la situation qui lui est faite dans la république des lettres. D’une part, parce qu’il a participé lui aussi, dans sa particularité même, de l’immarescible ascension du généralissime roman, libérant une littérature coincée dans ses carcans formalistes. D’autre part, parce que, dans sa singularité propre, il est tout aussi responsable de l’évincement progressif de nombre d’autres genres au profit quasi unique du seul univers romanesque.
Le problème qui s’est posé avec lui, au regard du roman généraliste ou généralissime (fait de tous les autres romans : Le Procès est-il un roman de procédure judiciaire comme l’on dit de Quai des Orfèvres qu’il est un roman policier ? Typhon ou Moby Dick sont-ils des romans maritimes comme l’on dit de Un linceul n’a pas de poches ou de La Position du tireur couché qu’ils sont des romans noirs ? etc.), c’est qu’à l’inverse de beaucoup d’autres bataillons littéraires, il ne s’est pas laissé noyer dans la nasse. Bien au contraire, il a réussi à profiter du ghetto dans lequel les gens de bon goût voulaient l’enfermer pour se forger un univers à soi, une langue personnelle et une respiration singulière compris dans une dynamique d’évolution permanente et qui lui ont peu à peu permis de transgresser les interdits déclarés du saint des saints littéraires. Il conviendrait de ne plus faire mine d’oublier que ce ne sont ni Gaboriau ni Leroux qui sont allés à Dickens, pas plus que Burnett n’est allé à Faulkner, mais l’inverse. De même que Lupin, Poirot, Maigret, Marlowe et consorts ne sont pas devenus aussi célèbres et universels que les Tartuffe, Don Quichotte, Hamlet et compagnie par le fait du seul facteur hasard
Un livre qui dit tout sur l’histoire du roman policier, c’est une bonne idée d’en parler!
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Tout je sais pas, surtout que depuis ces 30 dernières années la scène polardeuse a beaucoup changé 😉
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A reblogué ceci sur Le Bien-Etre au bout des Doigts.
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[…] Les maîtres du roman policier de Robert Deleuse — Collectif polar : chronique de nuit […]
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